Microbiologie : Comment choisir le bon incubateur ?
Les labos de microbiologie du monde entier ont un point commun… ils utilisent tous des incubateurs. Souvent, même plusieurs !
Sans incubateur, pas d’analyse standardisée, pas de bactéries, pas de microbiologie. L’incubateur, c’est l’outil indispensable du microbiologiste.
Oui mais voilà, tous les incubateurs ne se valent pas. Dans cet article, on vous liste les critères clés pour choisir l’incubateur idéal pour votre labo.
Qu’est-ce qu’un incubateur de microbiologie ?
Poser cette question sur le site de SuperMicrobiologistes, c’est presque une insulte… mais sait-on jamais, il y a peut-être des chimistes dans le coin ! 😄
Alors on se lance dans une définition (bien à nous) :
Un incubateur microbiologique est une grande boîte qui maintient une température précise pour favoriser la croissance des micro-organismes sur des milieux de culture (comme des boîtes de Petri ou des bouillons d’enrichissement).
Cette boîte permet de standardiser la température et donc les durées d’incubation.
Chaque microorganisme ayant sa propre température optimale, les labos ont souvent plusieurs incubateurs réglés à des températures différentes.
Exemples :
- Bactéries : 30-35°C
- Bactéries thermophiles : 55°C
- Levures et moisissures : 20-25°C
10 conseils pour choisir la meilleure étuve bactériologique
Maintenant qu’on sait ce qu’est un incubateur (sic !) voici les critères à prendre en compte pour choisir le BON incubateur !
1 – La température d’incubation
La première question à se poser est : à quelle température souhaitez-vous incuber vos milieux de culture ? En fonction de cette réponse, vous opterez pour un incubateur réfrigéré ou non.
En général, si vous avez besoin d’une température inférieure à la température ambiante + 5°C, un incubateur réfrigéré sera nécessaire.
Exemple :
Si votre salle d’incubation est à 22°C et que vous avez besoin d’une consigne à 25°C, un incubateur réfrigéré sera indispensable pour assurer une température stable.
Si vous souhaitez programmer une baisse de température le week-end pour ralentir la croissance des micro-organismes, optez aussi pour un incubateur réfrigéré et programmable.
Exemple :
Vous incubez vos boites à 37°C sur 3 jours et le 3e jour tombe un samedi… Mince vous allez louper le foot du petit ! Pas de panique, avec un incubateur réfrigéré programmable, vous pouvez faire descendre la température à 4°C pour stopper la croissance microbienne. But de Zinedine ! ⚽
Avantages d’un incubateur réfrigéré : Plage de température plus large, donc plus polyvalent.
Inconvénients d’un incubateur réfrigéré : Plus encombrant (à cause du groupe réfrigérant) et plus cher à l’achat.
Notre conseil : Prenez en compte la température ambiante de votre labo, la consigne souhaitée et vos exigences en termes de précision (+/- x°C).
2 – Les dimensions de l’incubateur
Le nerf de la guerre dans le labo de microbiologie c’est la place. Et un incubateur ça en prend beaucoup. Dans certains labos, c’est un vrai jeu de Tétris, mais attention : ici, les lignes ne disparaissent pas !
L’encombrement extérieur :
Est-ce qu’il rentre jusqu’à votre labo ? Attention aux passages des portes..
Est-ce qu’il rentre dans l’espace disponible ? N’oubliez pas de vérifier l’espace une fois la porte de l’incubateur ouverte. Certaines portes d’incubateurs, une fois ouvertes, augmentent l’encombrement en largeur, ce qui empêche de placer l’incubateur près d’un autre ou contre un mur.
L’espace utile intérieur :
“L’espace utile” c’est l’espace dans lequel l’homogénéité de la température est garantie. Il est donc inférieur au “volume intérieur” de l’incubateur.
C’est là que les différences entre les fournisseurs peuvent être très importantes. Pour un même encombrement extérieur on a vu des différences significatives !
Notre conseil : Demandez au fournisseur combien de contenants (boîtes de Petri, sacs d’enrichissement, bouteilles) vous pouvez stocker dans l’incubateur. Pour aller plus loin vous pouvez même calculez le prix par contenant par m2 .
Pour optimiser la place, pensez aux portoirs. C’est certes coûteux, mais super pratiques.
3 – Les performances de l’étuve microbiologique.
Un bon incubateur doit garantir une température stable et homogène en chaque point. La boîte de Petri en haut à droite doit être à la même température que celle en bas à gauche.
Deux technologies existent pour cela : la convection forcée et la convection naturelle (on a écrit un article entier à ce sujet).
En résumé :
- Convection forcée : idéale pour les grands volumes. Vérifiez que la vitesse du ventilateur puisse être réglée. Cela limite le desséchement des géloses… même si c’est un peu au détriment de l’homogénéité.
- Convection naturelle : recommandée pour les petits volumes ou des incubations longues (+5 jours).
Pour la convection forcée, est-ce que la vitesse du ventilateur peut se régler ? ça permet de limiter le dessèchement…un peu au détriment de l’homogénéité.
Notre conseil : Demandez au fournisseur les écarts de températures dans le temps et dans l’espace (+/- x °C) pour votre température de consigne (à vide et idéalement à plein). Comparez ces performances avec vos exigences métrologiques.
4 – La programmation de l’incubateur bactériologique
(Uniquement si vous utilisez les cycles de refroidissement les WE et jours fériés )
Sur certains modèles, la programmation peut être compliquée. Et quand c’est compliqué, on ne le fait pas ou pire, on le fait mal !
Notre conseil : Demandez à tester le logiciel de programmation, et vérifiez qu’il est disponible dans votre langue.
5 – La decontamination de l’étuve
Il est inévitable qu’un jour, vous ayez une contamination dans votre incubateur. La bonne nouvelle, c’est qu’il peut se désinfecter, et on a déjà écrit un article là-dessus !
Certains incubateurs se désinfectent plus facilement que d’autres. Moins il y a de grilles, trous et recoins, mieux c’est. Plus il y a de surface planes, plus ça sera facile.
Certains microbiologistes font des cycles de désinfection en montant la température de l’incubateur à 100°C pendant plusieurs heures. Comme quoi ça peut être utile un incubateur qui monte à 100°C !
Notre conseil : Demandez des photos de l’intérieur des étuves et si vous pouvez en voir une en vrai c’est encore mieux.
6 – Le système d’ouverture de la porte
Moins vous ouvrez l’incubateur, mieux c’est pour la stabilité thermique. Mais un incubateur qu’on n’ouvre jamais… ça ne sert à rien.
C’est important d’être à l’aise avec la porte de l’incubateur, pour l’ouvrir certes, mais surtout pour la refermer. Une porte mal fermée et c’est la cata pour l’incubation !
Notre conseil : Testez le système d’ouverture fermeture en condition réelles c’est-à- dire avec les mains pleines ;-).
Les portes vitrées peuvent réduire les ouvertures inutiles.
7 – La robustesse de l’incubateur dans le temps
Un bon incubateur doit durer plusieurs années (entre 7 et 10 en fonction de l’utilisation).
Pour cela rien ne vaut les retours d’expérience d’autres microbiologistes pour savoir quelle marque est la plus fiable.
N’hésitez pas à nous demander ou à lire notre article sur le sujet.
8 – La consommation électrique de l’incubateur
Un incubateur fonctionne en continu, 24h/24 et 7j/7 (désolé, pas question de le débrancher la nuit !). Cela entraîne une forte consommation d’électricité et, avec le coût actuel de l’énergie, la facture peut vite grimper, surtout si vous avez plusieurs incubateurs !
Aujourd’hui, de plus en plus de labos se penchent sur ce critère, car les différences entre les marques peuvent être significatives.
Comparez les consommations (en kWh/h), mais attention, comme pour les voitures, la consommation réelle est souvent plus élevée que celle indiquée.
Notre conseil : Testez l’incubateur en conditions réelles avec un wattmètre pour évaluer la consommation.
Cela vaut la peine de passer un peu de temps sur ce point. Le prix réel d’un incubateur c’est son prix d’achat plus son coût de fonctionnement.
9 – Le service avant vente
Un nouvel incubateur ne s’achète pas juste sur catalogue. Si le commercial se déplace pour présenter le produit, vérifier l’espace disponible dans votre labo (vérifier qu’il passe les portes) et poser des questions sur vos applications, c’est un excellent signe !
10 – L’installation de l’incubateur
Installer et utiliser un incubateur, c’est simple, mais c’est encore mieux si le fournisseur s’en occupe, surtout lors de la première installation d’une nouvelle marque.
D’ailleurs pour que l’installation se passe “comme sur des roulettes” l’option roulettes autobloquantes est très pratique. Elles facilitent non seulement l’installation, mais aussi le nettoyage derrière l’appareil.
Notre conseil : Demandez qui s’occupe de l’installation, de la mise en service et de la formation. Et prendre l’option des roulettes !
Bonus – La service après vente
Des pannes, ça arrive. L’important c’est qu’elles soient réglées rapidement. Voici quelques questions à poser au fournisseur :
- Qui gère le SAV ? La marque, un distributeur, ou un sous-traitant ?
- Quels sont les délais d’intervention ?
- Où sont stockées les pièces détachées ?
Une garantie supérieure à 2 ans est souvent un bon signe.
Conclusion
Vous voila parés pour poser toutes les bonnes questions à vos fournisseurs préférés. A vous l’incubateur parfait pour votre laboratoire de microbiologie !
Si vous avez des questions, n’hésitez pas à nous les poser en commentaire.
Pour ne pas louper le prochain article, inscrivez-vous à la newsletter ici !
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !