Microbiologie : Guide d’achat d’une micropipette manuelle

La micropipette à coussin d’air est au microbiologiste ce que le pinceau est au peintre !

Il est donc primordial de passer un peu de temps pour bien choisir ses micropipettes (sinon c’est la croûte assurée).

Pour vous aider dans ce choix cornélien, nous avons sondé de nombreux utilisateurs de micropipettes, que ce soit du côté des fournisseurs ou des laboratoires de microbiologie.

Voici donc les critères les plus importants à prendre en compte lorsque vous souhaiterez trouver la “micropipette parfaite”.

Les Meilleures Micropipettes

Découvrez les meilleures Micropipettes pour la microbiologie

Nous avons sondé les SuperMicrobiologistes.

Voici leurs marques de Micropipettes préférées

1 – Établir le cahier des charges pour vos micropipettes

Avant même de contacter les fournisseurs, il est important de se poser quelques minutes pour établir un cahier des charges.

Pour cela, voici les 2 questions auxquelles vous devrez répondre : 

Quels volumes devez-vous pipeter ?
Dressez la liste des volumes dont vous avez besoin ainsi que leur fréquence journalière de pipetage.

Exemples :

  • 1000µL → 200 fois par jour
  • 100µL → 2 fois par jour

Quels liquides devez-vous pipeter ?
Est-ce des liquides aqueux, moussants, homogènes, avec des “morceaux” ? La température des produits à pipeter est également un paramètre important, surtout si elle est éloignée de la température ambiante.

Ces informations aideront grandement le fournisseur à vous diriger vers l’une ou l’autre des micropipettes de son catalogue. Au passage, s’il ne vous pose pas ces 2 questions… méfiez-vous !

Si votre choix se porte sur une micropipette à coussin d’air manuelle, alors la suite de cet article devrait vous intéresser.

2 – Avant d’acheter, testez la micropipette 

Demandez au fournisseur de vous prêter la micropipette pendant 1 à 2 semaines et testez-la en condition de routine.

C’est certainement Le meilleur conseil que vous trouverez dans cet article

N’hésitez pas à comparer les modèles. Si le fournisseur refuse le prêt… alors passez votre tour !

On aurait donc pu arrêter l’article là, mais on va quand même aller un peu plus loin…

3 – La précision de la micropipette

Une micropipette est avant toutes choses un appareil de mesure qui permet de transférer un volume précis et de façon répétable.

Il faut donc impérativement vérifier ce point.

4 – Le confort de la micropipette

Si on veut éviter les Troubles Musculo Squelettiques (TMS), il est important de prendre en compte l’ergonomie de la micropipette.

Les tests que vous ferez au laboratoire vous aideront à “ressentir” si les mouvements sont naturels (ou forcés).

Voici quelques points de vigilance :   

Un piston souple

La course du piston doit être la plus souple possible. Vous devez pouvoir appuyer presque sans effort.

Cependant il faut que les points d’arrêts soient nets et francs.

La surcourse (aussi appelée la “purge”) doit également être la plus souple possible.

La longueur de course du piston

Pour la longueur de course du piston, les fabricants d’AVAP (Appareil Volumétrique À Piston) ont 2 stratégies différentes :

Une longueur de course identique pour tous les volumes.

Le piston revient toujours au même endroit que la pipette soit réglée sur 100µL ou sur 1000µL. Cela permet d’avoir une régularité dans le mouvement.

Avantage : le cerveau imprime un mouvement qui sera toujours le même, peu importe le volume.

Une longueur de course proportionnelle au volume

Au volume nominal (volume max) la longueur de course sera la plus longue. Plus le volume sera petit, plus la longueur de course sera petite.

Avantage : Cela permet de se rendre compte si on s’est trompé dans le réglage du volume.
Exemple : Sur une P1000, si la longueur de course est petite alors qu’on souhaite 1000µL, c’est qu’il y a un problème de réglage.

Le poids et l’équilibre de la micropipette

Lorsqu’on fait des centaines de pipetages par jour, le poids est un argument de … poids (désolé) dans le choix de la micropipette.

Mais attention, il y a encore plus important que le poids, il y a l’équilibrage de la micropipette dans la main. C’est une question de … barycentre (la dernière fois qu’on a utilisé ce mot c’était pendant les cours de géométrie en 4e) ou de centre de gravité. Il faut que le centre de gravité soit au plus près de la main (et non pas au dessus ou en dessous).

On a testé des pipettes légères, mais mal équilibrées, qui ne tenaient pas bien dans la main… une vraie galère.

Une micropipette plus lourde mais bien équilibrée peut être plus agréable à tenir qu’une micropipette plus légère.

Il ne faut donc pas choisir sa micropipette sur catalogue… il faut l’essayer !

La longueur de la pipette

Les micropipettes n’ont pas toutes la même longueur (alors ça, on ne le savait pas).

Ce critère peut être important à prendre en compte surtout si vous manipulez sous PSM (Poste de Sécurité Microbiologique).

En effet, plus la pipette est grande, plus vous devrez lever les bras pour la manipulation (surtout si vous avez des tubes). Cela engendre des risques de TMS et d’être gêné par la vitre du PSM.

N’oubliez pas que l’aspiration doit se faire à la perpendiculaire de la surface du liquide.

Est-ce que les cônes sont faciles à mettre ?

Il ne faut pas avoir à forcer pour mettre les cônes (rappel : on n’enfonce pas les cônes comme un clou, mais plutôt comme une vis… avec un effet de rotation).

Est-ce que les cônes sont faciles à éjecter ?

Après avoir utilisé le cône, il faut s’en séparer. C’est également un mouvement qui peut être traumatisant pour les microbiologistes. La dureté de l’éjecteur est donc très importante.

En fonction de la marque des cônes l’éjection peut être plus ou moins difficile (l’éjection la plus facile se fera avec les cônes de la marque de la micropipette).

Réglage et blocage du volume de la micropipette

Il existe plusieurs façons de modifier les volumes d’une micropipette ; en tournant le piston ou avec des ”molettes” sur le corps de la micropipette.

Ce critère est d’autant plus important que la fréquence de modification des volumes sera importante.

Autre point important, le blocage du volume. On a rencontré des labos qui ont décidé d’abandonner les micropipettes à volume variable parce que leurs technicien.ne.s modifiaient les volumes sans s’en rendre compte.

Il existe 3 types de blocages : 

  • Sans blocage, il n’y a donc pas de sécurité.
  • Un blocage “frein”, plus le frein est serré plus il est difficile de modifier le volume.
  • Un blocage “ON-OFF”, si c’est ON vous pouvez changer le volume, si c’est OFF ça sera impossible.

Visibilité du volume de la micropipette

En fonction des micropipettes, l’indicateur de volume est situé à différents endroits. C’est évidemment toujours mieux de l’avoir sous les yeux pour vérifier le volume distribué.

Est-ce que la pipette est ambidextre ?

Les gauchers sont de plus en plus pris en compte dans les laboratoires de microbiologie… mais il peut toujours y avoir quelques ratés.

Vérifiez aussi que la lecture du volume est facilement lisible pour les gauchers.

5 – Maintenance et métrologie de la micropipette

Nettoyage de la micropipette

L’une des pires choses qui puisse vous arriver c’est une contamination de votre micropipette (l’utilisation de cônes à filtre peut aider). Si cela arrive, il faut absolument la nettoyer et la désinfecter. Pour cela le plus facile c’est de l’autoclave.

Maintenance de premier niveau de la micropipette

Dans une micropipette il y a des pièces d’usure, comme les joints. Vous pouvez donc vérifier si vous y avez accès facilement.

C’est mieux si, lors du démontage, vous ne vous retrouvez pas avec 50 pièces dans les mains… Parce que sinon le remontage s’annonce coton. Certaines micropipettes sont faites en 3 ou 4 morceaux.

La maintenance et la calibration de la micropipette

Une micropipette, c’est comme une voiture à un moment vous devrez la renvoyer chez le garagiste… pour micropipette. Lorsque ça arrive, on souhaite que la réparation se fasse le plus rapidement possible.

La confiance envers votre fournisseur de micropipette

Il subsiste un ultime argument qui s’applique de manière uniforme à toutes les technologies : la confiance que vous accordez à votre fournisseur !

Bien que cet argument puisse sembler subjectif, son importance repose sur des critères concrets tels que :

  • La facilité de le contacter par téléphone : Accédez-vous directement à une personne ou à un serveur vocal ?
  • Avez-vous déjà eu une collaboration avec ce fournisseur ? Si ce n’est pas le cas, recueillez des informations auprès d’autres laboratoires (via LinkedIn ou en consultant des SuperMicrobiologistes).
  • Sa réactivité : Est-il prompt à vous fournir une solution en cas de problème ?

La garantie

La durée de garantie minimum légale est de 2 ans, mais certains fabricants de micropipettes peuvent proposer un peu plus… c’est plutôt un bon signe.

Attention : les pièces d’usure ne sont pas prises en compte dans la garantie (ex : joints).

Le couple pipette / cônes

L’utilisation d’une excellente micropipette avec des cônes de qualité médiocre ne garantira pas des résultats satisfaisants, et vice versa.

Pour les cônes il y a 2 cas : 

  • Les micropipettes “fermées” : Elles ne sont compatibles qu’avec les cônes de la marque.
  • Les micropipettes “ouvertes” : Elles sont compatibles avec des cônes de toutes les marques (ou presque !).

Il y a des avantages et des limites dans les 2 cas… on en parlera dans un prochain article.

Cependant, même pour les systèmes ouverts, les fabricants recommandent d’utiliser les pointes de leur marque. Il y a au moins 2 raisons à cela : 

  • Financière : C’est bon pour le business… 
  • Technique : Les cônes du fournisseur correspondent parfaitement aux caractéristiques de leurs micropipettes, c’est clairement avec ces cônes là que vous aurez les meilleurs résultats.

C’est un peu comme si vous essayiez 2 chemises. L’une faite sur mesure et l’autre prête à porter. Dans les 2 cas la chemise vous ira bien, mais c’est quand même la chemise sur mesure qui vous ira le mieux !

Conclusion sur le choix de vos micropipettes

En conclusion, le choix de la micropipette parfaite pour votre laboratoire de microbiologie nécessite une approche réfléchie.

Établissez un cahier des charges en considérant vos besoins spécifiques, testez la micropipette en conditions réelles, et prenez en compte des critères tels que la précision, le confort, la robustesse et la compatibilité avec les cônes.

Enfin, accordez une importance particulière à la confiance envers votre fournisseur, sa réactivité, et la garantie proposée.

Venez partager votre expérience sur les micropipettes avec nous en commentaire.

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3 réponses
  1. Jannier Adrien
    Jannier Adrien dit :

    Bonjour,
    Je suis technicien en métrologie. Votre article est très instructif et très bien construit, félicitations !

    Cependant, il y a un petit détail qui mériterait un point de vigilance.
    En effet, vous parlez d’effectuer une rotation avec la pipette pour enclencher le cône. Cela peut faire vriller le piston et modifier le réglage (surtout quand le mouvement est réalisé des dizaines de fois). Par ailleurs, si cette même habitude est répétée sur des pipettes électroniques, la bague de sécurité peut casser et la pipette partira directement à la poubelle.

    Encore bravo pour votre travail.

    Cordialement

    Répondre
    • pierre
      pierre dit :

      Merci pour ce retour Adrien. On va redemander aux fournisseurs parce que ce conseil vient de chez eux. Normalement il permet de mieux insérer le cône et de ne pas trop forcer sur l’épaule (TMS). L’opération doit se faire aussi délicatement que possible 😉

      On vérifie ça et on modifiera le cas échéant.

      Encore merci pour ta remarque et ta contribution à tous ces articles sur les micropipettes 😉

      Répondre

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