Comment attirer et conserver les technicien.ne.s dans le labo de microbiologie ?
L’une des galères du moment pour les responsables des laboratoires de microbiologie c’est le recrutement et la fidélisation des technicien.ne.s de laboratoire.
Lors de nos nombreuses visites de laboratoires, nous avons découvert des initiatives qui semblent porter leurs fruits.
On souhaite donc les partager avec vous au travers cet article.
Attention : Il n’y a pas de formule magique. Il s’agit bien souvent d’une combinaison de plusieurs choses qui permet aux laboratoires de conserver leurs meilleur.es microbiologistes.
Augmenter les salaires
Rien de nouveau sous les tropiques avec cette proposition, mais c’est certainement celle qui est la plus rapide à mettre en place. On a vu plusieurs labos de microbiologie augmenter les salaires pour au moins se remettre au niveau du marché.
Attention, cette solution ne fonctionnera qu’un temps. Si vos microbiologistes viennent et restent dans votre laboratoire uniquement pour l’argent, cela signifie qu’ils.elles partiront si on leur propose plus d’argent dans un autre laboratoire.
Exemple : Un labo a revu sa politique salariale pour offrir des salaires au niveau du marché, prendre en compte l’expérience et l’ancienneté des microbiologistes.
Embaucher en interne des non-microbiologistes
Il y a encore 5 à 10 ans, le prérequis pour entrer dans un laboratoire de microbiologie c’était d’avoir un bac +2 du type BTS ou DUT (BUT aujourd’hui).
Aujourd’hui, étant donné la difficulté des laboratoires pour trouver ce genre de profil, de plus en plus de laboratoires intègrent d’autres types de profils en interne. Cela demande bien évidemment un travail de formation pour qu’ils aient in fine le même niveau technique.
Il est de moins en moins rare de voir arriver au laboratoire des personnes ayant travaillé plusieurs années au sein de l’entreprise dans d’autres services comme la logistique ou la production.
L’arrivée au laboratoire est alors vue comme une évolution de carrière.
L’avantage pour le laboratoire est de pouvoir compter sur une personne qu’ils connaissent déjà (et qui connait l’entreprise !) avec pour objectif qu’elle puisse rester plusieurs années au laboratoire.
La contrepartie est que le laboratoire va devoir passer plus de temps pour former la personne.
Exemple : Une personne en logistique dans l’entrepôt est devenue technicienne au laboratoire de microbiologie.
(Re)trouver du sens au travail
Quand on passe la journée à enchaîner les dilutions au labo de microbio, c’est facile de perdre de vue l’importance de son travail.
Et pourtant, en tant que microbiologistes, on sauve des vies, quand même ! (eh oui !!)
Certains labos ont essayé de rappeler ce sens profond. Pensez-vous que ça a fonctionné ? Pas du tout 😉
En revanche, ce qui marche un peu mieux, c’est d’apporter des explications plus concrètes : comment fonctionnent les milieux chromogéniques, les technologies qu’on utilise, et surtout, comment les résultats du labo influencent les décisions.
En gros, montrer à quoi servent vraiment nos analyses. Le contact avec le client, qu’il soit interne ou externe, semble aussi aider à mieux saisir le sens de son travail.
Exemple : Les microbiologistes d’un labo sont directement en contact avec les clients du labo pour expliquer les résultats.
Responsabiliser les microbiologistes
Réaliser les tâches du quotidien c’est bien, y ajouter des projets annexes c’est mieux.
On a vu des laboratoires dans lesquels les technicien.ne.s se voyaient confier des missions annexes, comme la gestion des stocks (réactifs, consommables), la gestion de la métrologie, participer au choix des nouvelles technologies, ou même des missions hors du labo (RSE, logistique, etc…).
Cela permet aux technicien.ne.s de sortir de la routine, de se sentir utile, d’être responsabilisé, mais aussi d’avoir des contacts avec des personnes en dehors du labo (visites sur les salons, échanges avec les fournisseurs ou les prestataires).
D’autres labos misent sur des responsabilités partagées en formant des équipes de deux ou trois personnes. Chaque groupe s’organise pour réaliser les analyses, et chaque microbiologiste devient responsable vis-à-vis de son binôme.
Exemple : Un microbiologiste est responsable de la gestion des stocks de consommables du labo. Il fait le tour des collègues pour répertorier les besoins et passe les commandes de réapprovisionnement.
Développer la polyvalence de technicien.ne.s
Dans un laboratoire de CQ microbiologie il y a plusieurs postes de travail ; La préparation des milieux de culture, la préparation des échantillons, la dilution, la lecture, etc.
Etant donné le turnover important, beaucoup de laboratoires ont décidé de “spécialiser” leurs technicien.ne.s sur un seul poste… Cela permet de réduire le temps de formation.
Le problème c’est que très rapidement les technicien.ne.s risquent de s’ennuyer … et donc de partir.
Pour trouver un équilibre entre l’intérêt du labo et celui des technicien.ne.s un plan d’évolution peut être mis en place. Cela permet aux technicien.ne.s de se former sur d’autres postes et de casser la routine !
Exemple : Une microbiologiste initialement formée à la préparation des milieux de culture s’est ensuite formée à l’ensemencement et à la lecture. Chaque semaine elle change de poste.
Développer l’ultra compétence
C’est le contre pied parfait de ce qu’on vient d’écrire au dessus concernant la polyvalence. Certain.es microbiologistes vont préférer rester sur un poste et développer une compétence « pointues » sur ce poste.
C’est ce que certains laboratoires ont mis en place. En laissant une certaines latitude au microbiologiste de se former, d’améliorer le poste de travail, de développer d’autres compétences comme le SAV
Exemple : Un préparateur de milieu de culture, il organise le timing de sa semaine en fonction des besoins du labo. Il est également formé pour faire le SAV sur les préparateurs et porte un projet pour réutiliser l’eau qui sert à refroidir le préparateur.
Ne pas négliger l’onboarding et la formation
Cela fait maintenant plusieurs années qu’on entend parler du concept d’onboarding. Il s’agit d’un processus qui permet d’intégrer au mieux les nouveaux employés… Cela permet de faire une bonne première impression !
On ne parle pas ici d’une simple invitation au restaurant lors du premier jour, mais de process plus complet qui comprend bien évidemment un plan de formation et ainsi que l’habilitation des nouveaux technicien.ne.s.
Lors de cette intégration, vous pouvez attribuer un.e tuteur.euse au nouveau technicien. Cela a le double avantage de responsabiliser le.la tuteur et d’intégrer le nouveau venu.
Exemple : Une semaine avant l’arrivée d’un nouveau membre dans le labo, on peut réaliser une vidéo où chaque personne se présente brièvement et lui souhaite la bienvenue. C’est facile, rapide et ça permet de planter le décor.
Créer une (super) ambiance de travail
C’est peut-être la solution la plus difficile à mettre en place, mais aussi la plus efficace.
En 2024 quand on demande aux salariés pourquoi ils restent dans leur entreprise, les trois premières réponses sont : l’ambiance, la relation avec les collègues, la relation avec le manager.
Investir du temps pour créer un véritable esprit d’équipe vaut donc vraiment la peine. Et pour cela, il ne suffit pas de mettre un babyfoot en salle de pause !
Le minimum requis, c’est de cultiver une ambiance de confiance et de sérénité entre les membres du labo.
Ensuite on peut aller plus loin en organisant des activités diverses pour que les microbiologistes apprennent à mieux se connaître et à s’apprécier.
Voici quelques idées déjà mises en place dans certains labos (et toujours sans obligation de participation !) :
- Temps de jeux de société en équipe.
- Afterworks.
- Repas d’équipe.
- Activités sportives (comme s’inscrire à une course locale ensemble).
On quitte plus facilement un job que des ami.e.s… à méditer !
Exemple : Les personnes du labo participent au recrutement de leur futur.e collègue. En fin d’entretien, le candidat a un temps d’échange informel avec une personne du labo (autour d’un café par exemple). A l’issue de l’entretien la personne du labo ne répond qu’à une seule question « Est-ce que tu envisages de travailler avec cette personne » ?
Réduire l’impact écologique du labo
Il existe de nombreuses raisons de réduire l’impact écologique d’un laboratoire (économiques, convictions personnelles, ou obligations), mais l’effet sur les salariés ne doit pas être sous-estimé.
Cet argument fera peut-être sourire certain.e.s, mais après avoir échangé avec plusieurs microbiologistes, il s’avère bien réel !
De plus en plus de personnes sont sensibles aux questions écologiques. Pour celles-ci, travailler dans un laboratoire qui ne fait aucun effort pour limiter son impact peut générer un malaise, voire une dissonance cognitive.
À l’inverse, si le labo s’engage dans cette voie, cela peut renforcer la fierté des employés et nourrir leur sentiment d’appartenance.
La réduction des déchets, par exemple, peut devenir un excellent projet d’équipe (voir plus haut) !
Exemple : Un labo à mis en place un projet de faisabilité sur la réutilisation de cônes de micropipettes. La personne en charge doit vérifier la faisabilité technique, financière et l’impact écologique.
Mettre en place la semaine de 4 jours
Pour les nouvelles générations, l’équilibre entre la vie pro et la vie perso est différent. On ne vit plus pour travailler, mais on travaille pour pouvoir bien vivre ! Il faut donc prendre en compte cette nouvelle équation dans le labo.
La semaine de 4 jours peut être une solution.
Au lieu de venir au laboratoire 5 jours, les technicien.ne.s font leurs horaires sur 4 jours (avec une rotation organisée pour que le laboratoire reste ouvert 5 jours ou plus).
Cela permet aux technicien.ne.s de passer moins de temps sur le trajet maison-labo, donc d’économiser de l’essence et d’avoir un jour de plus pour des activités extra-travail.
La contrepartie pour les technicien.ne.s est d’avoir des journées de travail plus longues.
Exemple : Souvent discuté… jamais mis en oeuvre dans le labo (pour le moment) !
Mettre de la musique au laboratoire
Il parait que la musique adoucit les mœurs !
Nous avons visité des labos dans lesquels il y avait de la musique (pas à fond !) et cela semble être très apprécié par les microbiologistes.
Alors OK c’est pas cet argument qui va retenir vos technicien.ne.s mais cela participe à la bonne humeur dans le laboratoire et ça, ça compte beaucoup !
Cet article n’a volontairement pas de conclusion, parce qu’on souhaite le mettre à jour régulièrement avec de nouvelles bonnes idées.
Donc si vous aussi vous entendez parler d’initiatives intéressantes, venez les partager avec nous. Nous les intégrerons dans cet article.
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[…] Nous avons rencontré plusieurs laboratoires qui ont mis en œuvre des initiatives fructueuses pour réduire le turnover, prouvant par là même que les démissions ne sont pas une fatalité… Voici d’ailleurs un article dans lequel nous partageons ces initiatives. […]
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