Comment réduire les TMS dans un laboratoire de microbiologie

Saviez-vous que 30% des arrêts de travail sont causés par un Trouble Musculo Squelettique* ?

En ce qui concerne les laboratoires de microbiologie, nous n’avons pas de chiffre, mais lorsqu’on demande aux microbiologistes s’ils ont déjà été confrontés à des TMS dans leur labo, 74% répondent que oui !

C’est effrayant !!! Mais peut-on vraiment y faire quelque chose ?

Nous avons demandé à Patrick Suire, un ergonome qui a déjà aidé des laboratoires de microbiologie, de nous en dire plus sur la lutte contre les TMS.

Sommaire :

Qu’est-ce qu’un Trouble Musculo Squelettique ?

Un Trouble Musculo Squelettique c’est une affection des tissus périarticulaires. Les TMS peuvent toucher toutes les articulations. Cela se manifeste d’abord par de la gêne, puis des douleurs qui peuvent ensuite devenir invalidantes et aller jusqu’au handicap.

Les parties du corps les plus touchées par les TMS (source : amelie.fr)

Quelles sont les causes des TMS ?

L’origine des Troubles Musculo Squelettiques est multifactorielle, dans l’équation il y a  : 

  • Les contraintes biomécaniques (efforts intenses, durables et/ou répétés, postures adoptées, etc. )
  • Les facteur psychosociaux (ex : mal être au travail, perte de sens)
  • Les facteurs individuel (ex : état de  santé, sexe, morphologie, âge)

C’est pour cela que sur 10 microbiologistes travaillant dans le même labo, certains vont développer des TMS et d’autres pas.

Quelles peuvent être les contraintes biomécaniques dans un labo de microbiologie ?

Dans un laboratoire de microbiologie, les contraintes biomécaniques sont notamment : 

  • Les  gestuelles répétées (ex: les pesées, les pipetages)
  • Les  manutentions de charges (ex: déplacer des bouteilles ou sacs de milieux de culture)
  • La  base posturale (ex: position assise par rapport à la paillasse et aux tâches à réaliser )
  • Les élévations de bras, les flexions et/ou torsions du dos, etc. (par ex liées au travail dans un PSM ou à côté d’un bec bunsen)

En règle générale, il faut respecter les limites fonctionnelles du corps. Il y a en particulier des angularités à respecter au niveau des articulations

Quelles sont les conséquences des Troubles Musculo Squelettiques ?

Pour le microbiologiste

Les TMS vont créer des douleurs pouvant aller jusqu’à une invalidité. Cela peut empêcher de faire certaines tâches, pouvant générer de surcroît  une insécurité concernant son emploi. On entre alors dans un cercle vicieux (douleurs physiques et psychologiques) qui va encore plus aggraver la situation.

Les microbiologistes ne viennent pas au labo pour souffrir !

Pour l’entreprise

Les conséquences sont multiples, cela commence par une augmentation des arrêts de travail, puis des pertes de compétences. Il faut ensuite recruter, puis former les microbiologistes.

Les TMS vont à plus ou moins long terme engendrer des  coûts directs et indirects conséquents pour l’entreprise. Le coût moyen d’un TMS est estimé à plus de 20 000 euros.

Si une entreprise veut recruter et fidéliser ses microbiologistes, il faut (aussi) qu’elle fasse évoluer ses conditions de travail !

Comment limiter les TMS dans le labo de microbiologie ?

Avant de faire passer un spécialiste des TMS dans le labo, on peut déjà s’interroger sur les tâches quotidiennes : 

“Est-ce que cette étape contraignante a réellement  une valeur ajoutée ?”
« Est-ce que tout ce que je fais est indispensable ?”

Les aménagements sans investissement financier

Dans le laboratoire il y a beaucoup de sur-sollicitations qui ne sont pas ou plus nécessaires.

Exemple : l’organisation des incubateurs
On peut repenser l’accès aux incubateurs (trop bas, trop haut), le sens d’ouverture des portes qui oblige à se contorsionner. Et puis il y a ce qui se passe à l’intérieur des incubateurs, la gestion des échantillons, on déplace souvent les mêmes échantillons pour accéder à d’autres échantillons.

Il faut comprendre et avoir un regard critique sur ce qu’on fait, pour limiter les taches avec une valeur ajoutée nulle.

On peut ensuite optimiser l’aménagement du poste de travail en limitant par exemple les piétinements et les flexions et rotations du buste 

Exemple : Le poste de dilution et de broyage
Si on dilue en face de soi et qu’on se retourne à 180° pour faire l’étape de broyage. A la longue on risque de générer des TMS. Idéalement il faudrait placer le diluteur à côté du broyeur (attention aux vibrations quand même !!!).

Les aménagements avec un investissement financier moindre

Il y a d’énormes progrès à faire au niveau de l’assise du poste de travail. L’achat d’un nouveau siège spécifiquement adapté … et correctement réglé (!)  est un véritable plus. Idéalement il faudrait aussi pouvoir adapter la hauteur des paillasses… on ne fait pas tous la même taille dans le labo !

L’investissement le plus rentable… à terme

Si vous avez un doute, vous pouvez faire intervenir un professionnel, qui va venir observer les activités de travail dans le laboratoire. Il fera ensuite des préconisations pour adapter l’environnement de travail aux microbiologistes.

Le mieux est de le faire intervenir avant même d’avoir mal. La prévention primaire, celle qui coûte le moins cher, elle est même rentable à moyen terme !

Ce professionnel, c’est un ergonome. On peut le contacter directement (s’il vous a été recommandé c’est encore mieux) ou passer par la médecine du travail, la CARSAT ou la MSA (Mutualité sociale agricole). Ces organismes ont des listes d’ergonome locaux, en plus ils peuvent vous aider à recevoir des aides financières pour les aménagements du laboratoire de microbiologie.

Conclusion

Les troubles musculo squelettiques font peur à tout le monde, souvent on les cache jusqu’à ce que le corps craque. Si cela arrive, on est tous perdants (entreprise, laboratoire, microbiologiste). Il faut donc changer les mentalités, en parler et surtout agir.

Un microbiologiste heureux et bien dans sa peau c’est un microbiologiste qui ne passera pas à côté des contaminations !

Si vous le souhaitez, nous pouvons déjà commencer par en parler ici, en commentaire de l’article.

Merci Patrick !

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*site internet ameli.fr

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