La boite (de Petri) à question : Alexandra Foucher

La microbiologie offre une multitude de métiers différents. Dans « La boite (de Petri) à question », nous partons à la rencontre des SuperMicrobiologistes pour qu’ils.elles puissent nous décrire leur job et leur quotidien.

Cette semaine c’est Alexandra qui s’y colle !

Alexandra où l’art de traquer les microorganismes

Alexandra, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Alexandra Foucher, je travaille dans le contrôle qualité microbiologique depuis … pfiouuuu … 23 ans.

Aujourd’hui je suis dans un laboratoire pharmaceutique qui fabrique des formes non stériles, c’est la bonne planque parce que quand on commence à parler stérilité ça ne rigole plus.

J’ai essuyé les plâtres de mon diplôme en commençant dans l’industrie agroalimentaire … un autre monde…

J’ai toujours aimé « chercher la petite bête », au propre comme au figuré, alors quoi de mieux que de travailler en microbiologie. Je passe mes journées à chercher les petites « bêtes » dans les produits tout en cherchant la petite « bête » dans les process et procédures pour ne laisser le champ libre aux petites bêtes.

Peux-tu nous décrire ton job de microbiologiste ?

Mon job c’est un peu comme être Sherlock Holmes et une tata gâteau en même temps.

Je dois détecter et dénicher les microorganismes dans les produits ou dans l’environnement pour garantir qu’ils ne deviennent pas envahissants et incontrôlables ou carrément indésirables pour certains. Et pour ça, il faut savoir les chouchouter et les mettre en confiance afin qu’ils sortent de leur cachette et fournissent leur identité.

De façon un peu plus conventionnelle, je dirai que mon job c’est de contrôler la qualité des échantillons (produits, matières premières) et de l’environnement d’un point de vue microbiologique ; c’est-à-dire vérifier que le nombre des microorganismes (ou leur identité) présents dans les échantillons et dans l’environnement répond aux exigences dictées par les normes de l’industrie pharmaceutique pour garantir que les produits sont administrables, sans aucun risque, aux patients.

« Réussir à suivre la trace du contaminant retrouvé dans un produit fini et remonter à son origine, ça ça procure un sacré sentiment de satisfaction… finalement je crois que j’aime tous les aspects de mon métier. »

En quoi consiste ta journée type ?

Une journée type … Voyons … Dans la théorie ça serait : Aller faire les prélèvements en zone de production (Eau, Air, Surface), récupérer les échantillons qui ont été prélevés en cours de production. Puis revenir au labo et mettre tout ce petit monde en culture. Ensuite faire les lectures des analyses en fin d’incubation et rendre les résultats de conformité.

Mais souvent la réalité est bien éloignée de la théorie et c’est là qu’on gagne en « Fun » … Cette fois je me transforme plutôt en maître du shaker et du puzzle pour réussir à imbriquer toutes les actions de la journée les unes dans les autres sans en rater des morceaux et ça change tous les jours !

La routine je ne connais pas alors une journée type ça n’existe pas non plus. Les maîtres mots seraient organisation, rigueur et anticipation.

De façon concrète, pour moi, dans une seule journée il peut y avoir :

  • des prélèvements à réaliser en zone de production
  • des analyses de produits à la paillasse
  • des lectures de résultats

Auxquels viennent s’ajouter l’organisation du labo (la gestion des stocks nécessaire pour les analyses, les contrôles milieux de culture, l’entretien du labo…)

Auxquels on ajoute aussi toute la partie qualité documentaire (traçabilité, cahier de labo, procédure, mode opératoire …)

Auxquels on ajoute encore les validations des méthodes (analytique, nettoyage …) et les qualifications d’équipements (pompes de filtration, aerobiocollecteur…)

Et bien entendu le soutien aux investigations quand les vilains microorganismes ont décidé de faire une rave party alors qu’ils n’avaient pas obtenu l’autorisation des autorités

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Qu’est-ce que tu préfères dans ton job ?

En fait c’est super variable et ça dépend des jours.

Si j’ai bien dormi et que je suis en super forme je vais adorer trouver une grosse contamination par un gros vilain germe. Comme ça je vais pouvoir faire du remue-méninge pour établir son profil, retracer son historique et localiser sa planque.

Par contre, si j’ai veillé trop tard la veille au soir et que j’ai le cerveau en mode « gélose liquéfiée», je vais aimer trouver mes boîtes de pétri pleines de vides dans les étuves.

Cependant, un truc qui ne change jamais quel que soit mon état, c’est le plaisir d’expliquer aux autres, en production, ce que je trafique avec mes boites et mes écouvillons quand ils me voient débarquer.

J’aime aussi le fait qu’il n’y ait pas de routine. On a parfois des résultats surprenants qui, même si on a tout fait bien comme il faut, ne s’explique pas… juste parce que le microorganisme aura lui aussi fait trop la fête la veille au soir.

Ah oui et réussir à suivre la trace du contaminant retrouvé dans un produit fini et remonter à son origine, ça ça procure un sacré sentiment de satisfaction… finalement je crois que j’aime tous les aspects de mon métier.

« Rendre un peu plus vert nos activités qui, même avec beaucoup d’efforts, génèrent excessivement de déchets et demandent beaucoup beaucoup d’énergie. »

Si tu pouvais améliorer une chose, ça serait quoi ?

Pour faire court au global ça serait d’améliorer la fiabilité des résultats, c’est quand même frustrant de ne pas pouvoir affirmer à 100% un résultat.

Il y aurait aussi la rapidité de l’obtention des résultats… vive les méthodes rapides !

Et aussi rendre un peu plus vert nos activités qui même avec beaucoup d’efforts génèrent excessivement de déchets et demandent beaucoup beaucoup d’énergie.

J’allais oublier le plus important…le déficit d’image dont nous jouissons au sein de l’entreprise. On entend souvent dire que « c’est à cause de la microbiologie qu’on ne peut pas libérer les produits » alors que c’est plutôt « grâce à nous que les produits mis sur le marché sont sûrs ! ». Bref, nous les microbiologistes on passe souvent pour des OVNI.

Comment vois-tu la microbiologie de demain ?

Là c’est plus compliqué pour moi, l’imagination n’est pas mon fort. Allez histoire de rire un peu on va dire que demain la microbiologie sera préférée à la chimie

Est-ce qu’il y a un fournisseur (commercial, ingénieur application, autre) que tu apprécies particulièrement et que tu recommandes ?

Pour le Fun qu’ils mettent dans la microbio je dirais « Alliance BioExpertise »

Quel autre SuperMicrobiologiste aimerait voir passer dans la boîte (de Petri) à questions ?

J’adorerai que mon prof de microbiologie de l’époque passe dans la boite, c’est finalement lui qui m’a appris à aimer mon job mais malheureusement je n’ai plus aucun contact. Il s’agit de Monsieur Debru, prof de microbiologie au lycée Saint Denis à Annonay.

Merci beaucoup Alexandra… On se met dès à présent à la recherche de M. Debru !

Si vous aussi, vous souhaitez vous asseoir dans notre « Boite (de Petri) à Question »… contactez-nous !

1 réponse
  1. Sauty Philippe
    Sauty Philippe dit :

    Belle illustration des activités de terrain.
    Rien de mieux pour montrer à nos étudiants que ce que l’on leur raconte est proche de la vérité.

    Merci.

    Répondre

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