IAN une méthode de microbiologie rapide prometteuse
Une technologie de microbiologie rapide qui ressemble à une machine à café, un site internet sexy mais énigmatique et plusieurs SuperMicrobiologistes qui nous en parlent.
Il ne nous en fallait pas plus pour pousser la porte de chez Microbs et demander une démonstration de cette nouvelle Méthode de Microbiologie Rapide (RMM).
Sommaire :
- Les performances
- La technologie
- Le protocole
- Les applications
- La validation
- Qui utilise IAN aujourd’hui ?
- Les limites de IAN
- Conclusion
Attention : Cet article a été commandé par Microbs auprès de SuperMicrobiologistes. Habituellement, pour ce genre d’article, nous rencontrons les utilisateurs pour obtenir leurs retours. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir accès aux utilisateurs (mais nous ne désespérons pas). Nous avons donc joué les cobayes en essayant d’être le plus neutres possible. À vous de juger.
Les performances : IAN une méthode rapide… très rapide
Voici les performances de IAN (revendiquées par Microbs) :
- Résultat : 15 minutes.
- Méthode quantitative : de 1 à 5000 microorganismes / volume filtré.
- Test disponible : TVC (bactéries, levures et moisissures), la techno ne détecte que les microorganismes vivants.
- Protocole : Il faut juste verser l’échantillon dans l’entonnoir, le reste se fait automatiquement (filtration, marquage, lecture et rendu du résultat).
- Matrices : Produits filtrables de 0.1 à 200 ml.
La technologie : IAN un cytomètre en phase solide, mais pas seulement
Microbs présente IAN comme un équipier du labo, et non pas comme une technologie. Il en a le prénom, mais qu’à t-il vraiment sous le capot ?
Première déception, il ne fait pas le café, on espère maintenant qu’il est bon en microbiologie !
La technologie en 3 parties
La machine
La première chose que l’on remarque c’est la compacité de l’appareil ( l’équivalent d’une feuille A4 sur la paillasse).
L’autre chose marquante c’est que tout tient dans cette petite boite aux couleurs de la Bretagne : le PC, l’écran, la rampe de filtration, la fluidique, etc…
Malheureusement, l’appareil nous a été présenté fermé, nous n’avons pas eu le droit de voir ce qu’il avait dans le ventre… Microb est très secret (à notre grand dam) sur ce qu’il y a vraiment à l’intérieur.
Ce que nous savons c’est que c’est un cytomètre en phase solide, c’est un début !
La capsule de filtration
L’autre partie de la techno c’est la capsule de filtration. Cette capsule contient la membrane de filtration (track-etched membrane) et les tous les réactifs, il n’y a besoin de rien d’autre pour faire l’analyse.
Encore une fois nous ne saurons rien de plus de ce qu’il y a vraiment à l’intérieur.
L’algorithme
Comme bien souvent en ce moment, on s’attendait à entendre parler d’IA (Intelligence Artificielle) et… ça n’a pas manqué !
Donc l’IA de IAN (tiens c’est marrant, est-ce que Microbs l’aurait fait exprès ?) a été entraînée sur plus de 40 millions d’événements pour différencier une particule d’un microorganisme vivant.
Depuis, son algorithme a été figé et n’évolue plus (cela va simplifier la validation !). L’algorithme prend en compte une centaine de critères pour pouvoir discriminer les microorganismes des particules… et encore une fois nous n’en saurons pas plus.
Et maintenant, place à la démo.
Le protocole : IAN une manip ultra simple
Le moins que l’on puisse dire c’est que la manipulation est ultra simple. L’appareil a été pensé pour être implémenté à côté des lignes de production, et donc être utilisé non pas par des microbiologistes mais par des personnes en production.
- Etape 1 : Positionner la capsule dans le tiroir de IAN.
- Etape 2 : Ajouter l’échantillon et lancer la filtration. Le temps de filtration dépend du volume (3 minutes pour 10 ml et jusqu’à 40 minutes pour 200ml).
- Etape 3 : Refermer manuellement le tiroir et lancer l’analyse.
- Etape 4 : IAN fait son affaire. Il procède au marquage des microorganismes avec les réactifs présents dans la capsule, puis va lire ce qu’il y a sur la membrane.
- Etape 5 : Après 12 minutes, il donne un résultat en nombre de microorganismes vivants par volume filtré.
Aucune interprétation n’est nécessaire, pas de validation manuelle, pas de vérification microscopique ou de lecture de graph, bref il s’agit d’une véritable boîte noire… et blanche 😉
La confIANce en IAN viendra avec la validation , parce qu’il faudra le croire sur parole !
Les applications : IAN en complément des boîtes de Petri
A partir du moment où la matrice est compatible, tout est possible.
Le positionnement de Microbs est de proposer la techno au plus près de la production avec l’objectif d’avoir un résultat avant même de lancer des productions. IAN est proposé comme une techno préventive et non pas curative, l’objectif est d’éviter de jeter des lots.
En routine, on va donc plutôt analyser :
- des eaux qui peuvent entrer en contact avec le produit.
- des surfaces qui peuvent entrer en contact avec le produit (eau de rinçage, écouvillon).
- de l’air qui peut être en contact avec le produit.
On peut également utiliser IAN pour accélérer les investigations post contamination :
- Localiser rapidement et précisément une contamination.
- Vérifier que les actions correctives ont correctement fonctionné.
Cela permet de gagner du temps pour relancer la production suivante.
Mais Microbs a également développé des applications pour l’analyse de produits pharmaceutiques :
- Bioburden en 15 minutes.
- Test de stérilité en 15 minutes… au lieu de 14 jours !
Microbs developpe actuellement un test pour l’analyses de produits de thérapie cellulaire comme les ATMPs. Le challenge est important parce qu’il faut détecter des contaminants au milieu d’autres cellules (qui peuvent être très nombreuses… 108 cellules/ml). Affaire à suivre donc !
La validation : Le challenge de IAN
Les données de validation c’est le nerf de la guerre, et voici celles que nous avons récupéré :
Par ailleurs, Microbs a effectué une validation type PQ pharma. Vous pouvez les contacter pour accéder aux données.
Qui utilise IAN aujourd’hui ?
Microbs annonce une dizaine d’utilisateurs en France, mais nous n’avons pas pu avoir la liste… Heureusement, nous commençons à être bien infiltrés et deux de nos SuperMicrobiologistes ont pu tester la technologie.
Le premier avait essuyé les plâtres d’un lancement en plein Covid… on ne peut pas en conclure grand-chose, sauf qu’il est prêt à réessayer dès qu’il aura les ressources internes.
L’autre a pu faire un certain nombre de tests et nous a glissé que la méthode était prometteuse… sans pouvoir nous en dire plus à cause d’un (fichu) accord de confidentialité !!!
Donc si vous êtes utilisateurs et que vous souhaitez partager votre expérience, nous sommes preneurs (de façon anonyme ou pas… avec le masque ou pas !).
Les limites de IAN
Comme toutes les technologies, IAN a ses limites, voici celles que nous avons pu percevoir lors de notre démo :
La compatibilité matrice
- On filtre sur une petite surface d’une membrane track-etched, il faut donc un produit avec peu de particules, sinon ça colmate. Cela pourrait limiter le nombre de matrices compatibles.… mais tout n’est pas encore perdu pour les matrices complexe, Microbs travaille actuellement sur des protocoles de préparation d’échantillon pour rendre d’autres matrices compatibles.
S’il y a le moindre doute quant à la compatibilité d’une matrice, le mieux est de demander à Microbs de réaliser une étude de faisabilité.
La cadence analytique
Aujourd’hui il est impensable de pouvoir analyser une centaine d’échantillons par jour avec IAN. Étant donné que la filtration se fait sur la machine, on ne peut lancer qu’un échantillon à la fois. Donc en fonction du volume à filtrer (jusqu’à 50 minutes de filtration pour 200 ml), on pourra lancer de 1 à 5 analyses par heure.
Les inconnus d’une nouvelle méthode et d’une jeune entreprise
Comme pour toutes les nouvelles méthodes cela va avec son lot de questions concernant :
- le support technique / le SAV
- la pérennité de la société (faillite ou rachat)
- la robustesse dans le temps de la machine
- les capacités d’approvisionnement pour éviter les ruptures
- etc…
Cela est valable pour toutes les jeunes sociétés indépendantes qui lancent un nouveau produit (et même parfois pour les moins jeunes !). Ce que nous pouvons dire suite à notre visite c’est que le fondateur de Microbs (Wilfried Ablain) a déjà connu des lancements de produits similaires dans sa carrière et qu’il a préparé ses équipes pour cela. Pour le reste Microbs semble avoir de solides investisseurs derrière lui… Si la techno vous intéresse, nous vous invitons à aborder ces sujets avec Microbs.
Conclusion
Nous n’avons eu qu’une démo d’une demi-journée, mais nous avons été bluffé par le potentiel de cette technologie. Elle coche presque toutes les cases de ce qu’on peut attendre d’une méthode rapide; elle est très rapide, facile à utiliser, et donne un résultat sans interprétation.
Nous n’avons maintenant qu’une hâte, la voir en routine dans un laboratoire pour savoir si elle tient toutes ses promesses dans des conditions réelles !
Prochaine étape, rencontrer des utilisateurs de IAN pour partager leur expérience.
Si vous souhaitez participer, contactez-nous.
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