Comment un laboratoire de microbiologie peut lutter contre les Troubles Musculo Squelettiques ?

Les Troubles Musculo Squelettiques (TMS) sont une véritable problématique pour les microbiologistes. A force de porter à longueur de journées des charges “lourdes”, de travailler “sous contraintes” dans des hottes ou PSM, et de répéter inlassablement les mêmes gestes (ex : pipette, broyeur, diluteur, etc…) les corps s’usent et finissent par rompre.

Pour éviter les TMS, il est de la responsabilité des entreprises de proposer un cadre de travail sécurisé pour les microbiologistes.

C’est justement ce qu’a fait le laboratoire de microbiologie de Blédina à Brive-la-Gaillarde en faisant intervenir un ergonome (Ergonome Européen et Ingénieur ICAM). Pour nous en dire plus sur cette démarche, nous avons rencontré Emilie Pejoine, la responsable du laboratoire.

Présentation du labo de microbiologie de Blédina

Pour commencer Emilie, pouvez-vous nous décrire les analyses faites dans votre laboratoire ?


Le laboratoire est situé sur le site de production de Blédina à Brive qui fabrique notamment des petits pots pour bébés. Nous sommes aujourd’hui entre 5 et 6 personnes à travailler dans le laboratoire et nous effectuons les analyses microbiologiques, physico-chimiques et des allergènes.

bledina petit pot
Exemple de petit pot fabriqué sur le site de Blédina à Brive

Et en ce qui concerne la microbiologie, quelles analyses faites-vous ?

Pour la microbiologie, nous effectuons différents tests, mais le plus gros volume concerne les tests libératoires. Pour ces tests nous faisons un test de stérilité de nos pots. Après production, les pots sont incubés de 5 à 7 jours puis sont analysés par cytométrie de flux avec la technologie Metis d’Indicia. Cette méthode rapide nous permet de gagner au moins 5 jours pour la libération des produits.

Combien est-ce que cela représente d’échantillons par jour ?

Cela dépend des productions, mais en général nous pouvons avoir jusqu’à 160 échantillons par jour !

La problématique des TMS

Avec un tel volume d’échantillons à analyser, avez-vous été confronté à des problèmes de TMS dans votre laboratoire ?

Oui effectivement, c’est une problématique présente pour beaucoup de laboratoires. Nous avons donc décidé de faire intervenir un ergonome externe spécialisé dans ce domaine afin de faire de la prévention. Nous avions l’ambition de faire évoluer les conditions de travail au laboratoire. 

Concrètement comment cela s’est-il passé avec l’ergonome ?

 Monsieur SUIRE Patrick est venu plusieurs fois pour suivre toutes les manipulations du laboratoire. Il voulait voir qualitativement et quantitativement tous nos gestes et déplacements. Il a ensuite analysé toutes ces informations et est revenu vers nous avec des points concrets d’améliorations. Nous avons ensuite testé ces recommandations et nous sommes actuellement en train de finaliser la mise en place de ces points d’améliorations.

Limiter les TMS dans le labo de microbiologie

Est-ce que vous pouvez nous citer quelques points d’améliorations ?

La plus grande partie des modifications concerne la préparation des échantillons et la manutention des échantillons.

Avant le passage de l’ergonome, la dilution de l’échantillon était faite à l’aide d’un diluteur gravimétrique (25g) dans une hotte à flux laminaire vertical une (1) place. Puis on sortait de la hotte pour aller broyer l’échantillon sur la paillasse de derrière avec donc une rotation du corps pour chaque échantillon.

Avec l’ergonome nous avons optimisé ce poste. Nous allons investir dans une hotte à flux laminaire deux (2) places dans laquelle nous pourrons diluer et broyer sans avoir à nous déplacer.

hotte dans lequel il y a un diluteur gravimétrique
Hotte une place avec son ancien diluteur
Broyeur et diluteur gravimétrique sous un PSM
Hotte deux places dans laquelle seront installés le diluteur et le broyeur. 
(Ça se voit qu’on cherche un.e stagiaire en photo montage ?)

L’autre point d’amélioration concerne la manutention des échantillons. Porter des racks de plusieurs dizaines de pots pour les mettre ou les retirer de l’incubateur c’est lourd. Pour limiter les “portés”, l’ergonome nous a recommandé un chariot élévateur.

chariot permettant de ne pas se blesser lors du transport des échantillons entre les incubateurs et le laboratoire de microbiologie
Chariot élévateur pour éviter les TMS

Les 2 meilleurs diluteurs

Découvrez les 2 meilleurs diluteurs gravimétriques

Nous avons sondé les SuperMicrobiologistes.

Voici les 2 marques de diluteurs préférés

Et en ce qui concerne le matériel utilisé dans le laboratoire est-ce que vous avez fait des modifications ?

Oui, pour limiter les TMS, il faut limiter les mouvements répétés des épaules vers le haut. Nos points critiques c’était le diluteur et le broyeur, surtout qu’on pouvait répéter les mouvements jusqu’à 160 fois par jour. On a donc cherché des appareils limitant ces mouvements et notre choix s’est porté sur les appareils d’Interscience.

Leur diluteur est très bas, ce qui permet de ne pas lever les épaules pour mettre l’échantillon dans le sac. Pour le broyeur, ils ont un système de porte sans charnière sur les côtés ce qui permet de glisser le sac sans avoir à le soulever.

On va également investir dans un repose bras pour le poste de pipetage.

broyeur microbiologique qui permet de limiter les TMS
Broyeur avec ouverture sans charnière (passage du sac sur les côtés)

Est-ce que cela a été compliqué de réorganiser le laboratoire… et les habitudes des technicien.nes ?

C’est sûr que ces modifications changent nos habitudes, mais c’est pour notre bien. Et puis il y a quand même certaines améliorations qui sont bien appréciables et qui nous font gagner pas mal de temps. Par exemple, nous avons une nouvelle disposition pour nos incubateurs. Cela nous a permis d’optimiser nos temps de trajets.

Et en termes de coût, est-ce que cela représente des investissements importants pour le laboratoire ?

Oui et non.

Il y a plusieurs choses que nous avons pu mettre en place très rapidement et qui ne coûtent pas grand-chose, comme changer la disposition des incubateurs ou mettre en place un bloque porte. Pour le reste c’est vrai que cela à un coût qui n’est pas négligeable. Nous avons donc monté une demande de subventions auprès de l’Agefiph pour demander une prise en charge d’une partie des investissements prévus.

Concernant les TMS, auriez-vous une recommandation particulière pour les microbiologistes qui nous lisent ?

Nous avons fait intervenir l’ergonome par rapport à certaines tâches mais finalement nous nous sommes rendu compte que cela aurait un impact bénéfique pour toute l’équipe.

équipe du laboratoire de microbiologie de Bledina
Et voilà l’équipe de SuperMicrobiologistes de Blédina

Merci beaucoup Emilie pour toutes ces informations.

A la lecture de cet article, si vous avez des objections ou des questions complémentaires, venez alimenter le débat en laissant un commentaire ci-dessous.

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2 réponses
  1. Alnus fanatique
    Alnus fanatique dit :

    Bel article inspirant … quelques petites idees me sont venues pour mon labo à la lecture 🙂 même si je n’ai pas encore eu de soucis de TMS (ouf) ! Merci

    Répondre

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