Microbiologie alimentaire : Conseils pour choisir le meilleur auto-préparateur de milieux de culture

Résumé de cet article (pour les fénéant.e.s 😁)

  • Avantages de l’autopréparateur : prix par litre de milieu réduit, moins de manutention, grande capacité de production, qualité homogène.
  • Inconvénients de l’autopréparateur : moins polyvalent que l’autoclave, délai avant que le milieu de culture soit prêt, habilitation du personnel, risque de panne, investissement de départ important.
  • Critères de sélection d’un auto-préparateur : durée du cycle, nettoyabilité, robustesse, SAV, consommation électrique et d’eau, prix.

Lorsqu’on utilise des bouillons d’enrichissement dans son laboratoire de microbiologie alimentaire, on a le choix entre : 

  • Des milieux prêts à l’emploi (des poches de 3 ou 5 litres)
  • Des milieux semi-prêts à l’emploi (il faut rajouter de l’eau stérile)
  • Produire des milieux de culture stérile avec autoclave
  • Produire des milieux de culture stérile avec un préparateur de milieux de culture (également appelé autopréparateur).

D’après notre sondage LinkedIN, aujourd’hui 16% des SuperMicrobiologistes utilisent des préparateurs de milieux de culture dans leur laboratoire.

Ce pourcentage serait certainement bien plus élevé si nous avions posé la question uniquement aux laboratoires de microbiologie alimentaire.

Dans cet article nous allons donc nous pencher sur le cas de autopreparateur pour savoir quels sont les avantages et les inconvénients d’un tel appareil.

Nous vous donnerons également quelques astuces pour choisir l’auto-préparateur le plus adapté à votre laboratoire de microbiologie.

Voici les 2 auto-préparateurs préférés des SuperMicrobiologistes (résultat du sondage 2023)

Sommaire :

Principe de fonctionnement d’un préparateur de milieux de culture

L’auto-préparateur est utilisé dans les laboratoires de microbiologie pour fabriquer des milieux de culture stériles.

Avec ce type d’appareil on peut produire des milieux de culture solides, type agar (petites cuves < à 10 litres) et des milieux de culture liquides type bouillon d’enrichissement (grandes cuves > 10 litres).

Le préparateur de milieu de culture est équipé d’une cuve en inox, dans laquelle on dépose la poudre (milieu de culture) et l’eau. Une fois démarré l’auto préparateur va mélanger et stériliser le mélange selon un barème de stérilisation avec une T°C et un temps bien précis.

« En gros c’est un autoclave qui agite… bon ok ouais c’est un Thermomix si vous préférez ! »

Mercotte

Une fois le cycle de stérilisation terminé, on connecte le préparateur avec une pompe péristaltique, un diluteur gravimétrique (dans le cas d’un bouillon) ou un automate de distribution (pour les boîtes de Petri agar).

Aujourd’hui la plupart des préparateurs de milieux de culture que nous croisons dans les laboratoires de microbiologie alimentaire sont utilisés pour produire des bouillons d’enrichissement tels que l’eau peptonée tamponnée (EPT), ou le Fraser (pour la détection des Listeria)

“Les milieux de culture frais, produit dans le laboratoire sont les plus performants”

Source : « Labo du commerce »… C’est peut-être vrai, mais on n’a rien trouvé dans la littérature scientifique pour le prouver

Les 2 meilleurs diluteurs

Découvrez les 2 meilleurs diluteurs gravimétriques

Nous avons sondé les SuperMicrobiologistes.

Voici les 2 marques de diluteurs préférés

Les avantages d’un préparateur de milieux de culture

Tout dépend à quoi on le compare… un autoclave ou des milieux prêts à l’emploi (poches) ? Voyons voir : 

Les avantages du préparateur par rapport aux poches PAE 

Moins cher : Cela va bien évidemment dépendre des volumes du laboratoire, mais bien souvent, le prix au litre d’un bouillon fabriqué avec un préparateur de milieux de culture est moins cher que pour le même milieu en poches.

Moins de manutention : Vous préférez manipuler 20 poches de 3 litres chaque jour ou simplement brancher un tuyau entre votre diluteur gravimétrique et votre autopréparateur de 60 litres ?

Attention aux risques de Troubles Musculo Squelettiques (TMS), plusieurs microbiologistes avec qui nous avons échangé nous ont alerté sur le lien entre la manutention des poches et les TMS.

Les avantages du préparateur par rapport à l’autoclave 

Plus grande capacité de production : avec un autoclave on est limité par la taille des bouteilles, avec l’autopréparateur on peut fabriquer le volume d’une cuve entière (de 2 à 100 litres)..

Qualité du milieu de culture : Pendant son cycle, l’autopréparateur homogénéise le milieu de culture ce qui permet d’avoir une température homogène lors de la stérilisation. Cela évite de surchauffer et donc potentiellement de détruire des nutriments ou de caraméliser les sucres. Cela n’est pas possible avec l’autoclave.

Une seule pesée : Pour l’autoclave il faut faire une pesée de poudre pour chaque bouteille, alors que pour le préparateur de milieux on ne fait qu’une seule pesée.

Les inconvénients d’un auto-préparateur de milieux de culture

Comme on vient de le voir l’utilisation d’un autopréparateur à un certain nombre d’avantages, mais il a aussi quelques inconvénients, qui ne sont pas insurmontables. Il faut juste les connaître avant de se lancer dans l’aventure.

Les inconvénients du préparateur par rapport à l’autoclave 

La versatilité : Le seul inconvénient du préparateur de milieux de culture par rapport à l’autoclave va être la polyvalence. L’autopréparateur est fait pour stériliser des milieux de culture (uniquement) et un pour chaque cycle de stérilisation.

Alors que l’autoclave, lui peut stériliser plusieurs types de milieux de culture à chaque cycle. Il peut également être utilisé pour stériliser d’autres produits, comme des tuyaux, des couteaux, des cônes de pipettes, etc… Il peut également être utilisé pour faire de la destruction.

Les inconvénients du préparateur par rapport aux poches PAE 

Le délai avant utilisation : Il faut attendre la fin du cycle de stérilisation avant de pouvoir utiliser le bouillon d’enrichissement. Cela va dépendre du volume et de la capacité de l’auto-préparateur, mais on peut facilement atteindre les 2 heures (nettoyage, préparation, montée en température, stérilisation, descente en température). La poche, elle, sera prête en moins d’une minute.

Qu’est-ce qu’un lot ? Pour une poche on sait ce qu’est un lot. Par contre pour un autoprepréparateur c’est un peu plus complexe.

Si vous êtes dans un labo accrédité COFRAC, la norme ISO 11133 vous demande de tester les performances de chaque lot… mais avec un préparateur qu’est-ce qu’un lot ? Est-ce que chaque cycle de stérilisation est un lot ?

Nous avons consacré un article sur le sujet : ISO 11133 et auto-préparateurs : Comment les labos de microbiologie alimentaire gèrent-ils la notion de lot ?

Habilitation du personnel : Il faut des personnes formées (et habilitées ?) pour pouvoir nettoyer, faire la préparation et utiliser le préparateur de milieu de culture. 

Risque de panne : Comme avec tout appareil électronique, le risque est plus élevé que pour des… poches. Il faut prendre ce paramètre en compte. Que faire en cas de panne (avoir des poches en back-up ?).

L’investissement : Bien que le prix par litre soit moins cher, il n’en reste pas moins que l’achat d’un auto-préparateur est un investissement non négligeable (20k à 100k€ en fonction du modèle), auquel il ne faut surtout pas oublier d’ajouter la maintenance annuelle.

Si vous êtes maintenant convaincu que le préparateur de milieux de culture est l’appareil qu’il vous faut dans votre laboratoire de microbiologie. Passons à la prochaine étape : Le choix du modèle de votre préparateur.

Comment choisir le meilleur auto-préparateur de milieux de culture ?

Le meilleur préparateur pour un laboratoire de microbiologie ne sera pas forcément le meilleur pour un autre. Tout va dépendre de votre organisation. Voici tout de même plusieurs critères tangibles à prendre en compte lors de l’achat d’un nouvel auto-préparateur : 

La durée du cycle de stérilisation

Évidemment on ne peut pas toucher à la durée de stérilisation, par contre on peut jouer sur la vitesse de montée et de descente en température. Cela va dépendre de la puissance des résistances et des performances de l’agitation. Le gain en temps peut ne pas être négligeable… surtout quand on est pressé au labo.

La nettoyabilité de la cuve

Est-ce que la cuve et l’agitateur sont faciles à nettoyer ? Plus il y aura de coin, de coude, de zones “mortes” plus il y a aura des risques de contaminations. Imaginez la cata si votre batch d’EPT est contaminé… et que vous vous en rendez-compte 24 heures après avoir utilisé 60 litres !

La robustesse du préparateur de milieux de culture

On s’attend à ce que cet appareil puisse être utilisé tous les jours (et même plusieurs fois par jour), pendant 8 à 10 ans. Il faut donc qu’il soit de construction robuste et fiable… Et ça, ce n’est pas forcément le cas de tous les fabricants.

Idéalement il faut se renseigner auprès d’autres utilisateurs.trices.

Le SAV du fournisseur

Désolé de jouer les rabat-joie, mais des pannes dans une vie de préparateur, il y en aura. La question est de savoir comment elles seront gérées par le SAV de votre fournisseur ?

Demandez-lui ses délais d’interventions moyens, la disponibilité des pièces détachées et son MTBF (Mean Time Between Failure) son temps moyen entre 2 pannes pour la référence de préparateur que vous projetez d’acheter.

La consommation électrique

C’est une notion nouvelle, mais qu’il ne faut pas prendre à la légère. L’augmentation du coût de l’électricité peut avoir un impact important sur le ROI (Retour sur investissement) de l’appareil. N’hésitez pas à comparer les consommations réelles des appareils.

La consommation d’eau

Le préparateur de milieu de culture utilise de l’eau pour refroidir le milieu de culture en fin de cycle… sur une année ça peut faire plusieurs dizaines de milliers de litres.

La problématique avec l’eau n’est pas tellement le prix (pour le moment) c’est plutôt le sentiment de gâchis éprouvé par les équipes du labo qui verront cette énorme quantité d’eau partir à l’égout. Ces mêmes personnes qui elles n’ont plus le droit d’utiliser de l’eau pour arroser leur jardin ou nettoyer leur voiture.

Cela peut avoir un impact négatif sur la perception du sens au travail et croyez-nous à l’heure où il est difficile de conserver ses microbiologistes, c’est loin d’être négligeable.

Comparez les consommations d’eau pour chaque appareil.

Conclusion

En somme, l’utilisation d’un auto-préparateur de milieux de culture présente des avantages indéniables, tels qu’un coût réduit par litre, une grande capacité de production, et une qualité homogène des milieux.

Toutefois, des inconvénients tels que la limitation de polyvalence par rapport à l’autoclave, le délai avant utilisation, et le risque de panne doivent être pris en compte.

Lors du choix d’un auto-préparateur, il est essentiel de considérer des critères tels que la durée du cycle, la nettoyabilité, la robustesse, le service après-vente, et la consommation d’électricité et d’eau.

En évaluant soigneusement ces éléments, chaque laboratoire pourra opter pour l’option la mieux adaptée à ses besoins en microbiologie alimentaire.

Article : Découvrez les meilleurs auto-préparateurs pour produire son EPT (eau peptonées tamponnées)


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