performance test pour la laboratoires de microbiologie alimentaire accrédités COFRAC. question à Elise Chasseignaux

Microbiologie alimentaire : A quelle fréquence devons-nous tester la fertilité des milieux de culture ?

Comment tester la fertilité de mes milieux ? Est-ce que je dois tester à chaque lot ? Qu’est-ce qu’un lot ? Qu’est-ce qu’un milieu prêt à l’emploi… voici autant de questions qu’on se pose. Pour y répondre, nous avons rencontré Elise Chasseignaux, ancienne responsable d’un laboratoire de microbiologie accrédité COFRAC pendant plus de 10 ans.

Les normes pour les essais de performances des milieux de culture

Bonjour Elise, pouvez-vous nous dire quelles normes le laboratoire de microbiologie doit suivre pour les essais de performance des milieux de culture ?

En ce qui concerne les essais de performances des milieux de culture (fertilité, spécificité et stérilité), si le laboratoire veut être accrédité COFRAC, il faut qu’il suive la norme NF EN  ISO 11133, comme indiqué dans le LABGTA 59 (p10).

extrait LABGTA 59 sur les milieux de culture
Extrait du LABGTA 59

A quelle fréquence doivent être effectués ces tests ?

Il faut distinguer les milieux prêts à l’emploi des autres.

Pour les milieux préparés par le laboratoire, il faudra faire les essais de performance à chaque nouveau lot de poudre et des tests a minima de fertilité et de stérilité à chaque fabrication.

Pour les milieux prêt à l’emploi (poche de diluants, géloses), c’est beaucoup plus souple. Le laboratoire doit établir une fréquence de test en fonction de l’historique fournisseur, des certificats qualité livrés par le fournisseur, des conditions de transport, etc… mais au moins une fois par an.

Fréquence des fertilités pour les milieux de culture préparés au laboratoire

Pour les milieux préparés par le laboratoire, comment définit-t-on “un lot” ?

Un milieu préparé par le laboratoire est un milieu qui est stérilisé ou reconstitué dans le laboratoire. Chaque cycle de stérilisation ou chaque reconstitution est considéré comme un nouveau lot et doit être testé en conséquence, avec a minima un test de fertilité et un test de stérilité

extrait lab GTA 59 sur les milieux de culture préparés par le laboratoire de microbiologie
Extrait du LABGTA 59

Cela signifie que pour chaque cycle de préparateur de milieux de culture on doit effectuer les tests de fertilité et de stérilité ?

Effectivement, si le laboratoire souhaite être accrédité COFRAC, il devra contrôler son milieu de culture après chaque cycle d’auto-préparateur ou d’autoclave selon la norme NF EN ISO 11133 a minima pour la fertilité et la stérilité. Mais il devra également le faire pour les autres solutions de reconstitution comme les Drybag (Oxoid) ou les poches ReadyStream (Merck). En ce qui concerne les Instabags (Interscience) la situation est plus compliquée puisque la réhydratation a lieu pour chaque échantillon, il faudrait donc effectuer les tests de performance pour chaque échantillon… ce qui est techniquement impossible.

Comment choisir son fournisseur de souches ? Retrouvez notre guide ici

Les souches calibrées pour les tests de fertilité

Pour les tests de fertilité, comment sont préparées les souches calibrées ?

Généralement les milieux de culture sont inoculés avec des souches calibrées selon les concentrations définies dans la norme. Pour préparer ces souches, il existe plusieurs solutions, soit elles sont préparées et calibrées par le laboratoire . Soit ce sont des souches achetées pré-calibrées, prêtes à l’emploi. Il y a aujourd’hui plusieurs fournisseurs qui proposent ce genre de souches.

Merci beaucoup Elise pour toutes ces informations.

A la lecture de cet article, si vous avez des objections ou des questions complémentaires, venez alimenter le débat en laissant un commentaire ci-dessous.

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3 réponses
  1. Julien PASTOR
    Julien PASTOR dit :

    Bonjour à tous,

    Un grand Merci à Elise et Pierre pour cet article. C’est extrêmement interessant d’avoir de l’information sur notre métier de microbiologiste mais aussi avoir l’occasion d’interagir, de partager, de discuter, tout ça en français.

    Concernant le sujet en lui même et notamment Readystream. Pour rappel, au moment où j’écris ce commentaire je travaille pour Merck et nous avons lancé la solution « Readystream » cette année (Avril 2022). Je réponds donc en tant que fournisseur (même si je n’ai pas préparé ma réponse de manière collegiale, oops 🙂 ). J’en profite pour expliquer ce qu’est Readystream car ce sera utile pour éventuellement « débattre » de la réponse que je vais donner.

    Qu’est ce que Readystream : c’est une solution qui permet de délivrer de l’eau peptonnée au moment voulu, à la température voulue et même à la concentration voulue grâce à une solution automatisée. Ce système utilise notamment des poches de milieux deshydratés concentrés (10x) MAIS AUSSI une machine (station de préparation) qui procède d’abord à la « rehydratation » de la fameuse poche concentrée et ensuite qui procède a une dilution (1 volume de milieu concentré, 9 volume d’eau) au moment de la distribution. Ce système est donc à mon sens différent de toutes les solutions qui existent à ce jour. On peut donc se poser la question sur comment appliquer la norme ISO11133 et le LABGTA 59.

    Est ce que Readystream propose un milieu prêt à l’emploi ? Ou preparé par le laboratoire ?
    A mon sens, c’est un peu des deux (encore une fois, ce n’est pas la réponse de Merck mais ma propre interpretation) et je m’explique : même si le milieu est finalement fabriqué dans le laboratoire, il est réhydraté puis dilué automatiquement par la machine, sans intervention du laboratoire (ce qui n’est pas le cas des poches à réhydrater que vous citez dans l’article). La verification quotidienne du volume distribué par la solution Readystream nous assure qu’il n’y a pas de deviation de dilution.
    Si on compare à un autopreparateur, l’opérateur n’a pas à peser de milieu déshydraté, n’a pas à ajouter le volume d’eau nécessaire et n’a pas à procéder à l’étape d’autoclave. On supprime donc ces risques d’erreurs avec la solution Readystream.

    Enfin, dans le cas de la solution Readystream, chaque lot de poches est controlé après une rehydratation et distribution via le Readystream. Il faut donc selon moi (et ce n’est qu’une opinion : il va falloir en discuter avec le COFRAC), grace au certificat de contrôle délivrer par Merck, contrôler principalement les paramètres de la machine pour s’assurer du bon fonctionnement de l’automate.

    Enfin, s’il fallait malgré tout contrôler chaque lot, n’oubliez pas qu’une seule poche Readystream c’est 100 litres (oui oui 100L) d’eau peptonnée stable pendant 5 jours donc ce serait éventuellement 1 test par semaine pour le laboratoire.

    A discuter donc !
    J’espère avoir été clair. N’hésitez pas à commenter ma réponse ou à me contacter directement, on est la pour discuter et apprendre des uns des autres !
    A bientôt,
    Excellente journée,
    Julien

    Répondre
  2. Laborie Manon
    Laborie Manon dit :

    Bonjour à tous,

    Merci pour cet article et de mettre en lumière les questions de tous.

    Les milieux de cultures sont en effet un outil indispensable à nos laboratoire de microbiologie et ne sont pas toujours mis en avant ! Que dirais Robert Koch ou encore son assistant Julius Richard Petri !

    Je réponds pour ma part sous le nom d’Intersience mais surtout et avant tout en tant que microbiologiste.
    Interscience est le concepteur d’Instabag EPT, Fraser et Milk. Instabag est un sac filtre possédant un sachet de milieux déshydraté qui permet lors de la préparation de l’échantillon pouvoir remettre en suspension le milieu et dilué l’échantillon simultanément.

    En effet, l’ISO 11133 demande une vérification de chaque lot de milieu préparé/réhydraté. Tel est le cas, si les clients utilisent de l’eau qui elle-même n’a pas été contrôlée en amont.

    Après plusieurs discussions/réflexions avec nos utilisateurs, je propose aux clients de préparer des bouteilles de 5L d’eau ou un auto préparateur d’eau et de contrôler leur eau comme un milieu. Ainsi, il contrôle l’eau préparée en grande quantité et l’utilise pour réhydrater Instabag. Dans ce schéma analytique; l’eau est contrôlée, le milieu est contrôlé par nos soins (certificat à l’appui) donc chaque sac n’a pas besoin d’être contrôlé. Un blanc doit tout de même se faire en début de journée pour garantir la stérilité des tubulures du dilueur.

    J’espère que ces réponses apporteront des idées aux utilisateurs, j’ai hâte de lire d’autres commentaires qui permettront, à tous, de soulever les interrogations.

    Je suis bien entendue disponible pour en discuter.
    A bientôt,

    Manon

    Répondre

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